[CLOS] Mise au point (PV Simon Magnussen)

En ce second jour de la semaine, Maybel avait toujours autant à faire. L'administration n'avait pas de repos dans une école comme Poudlard. Elle gérait les petits tracas du quotidien : les demandes des uns et des autres en fournitures, matériels, et autres besoins. Certaines fiches étaient vraiment farfelus et May les mettait de côté pour aller voir son auteur par la suite pour lui en toucher deux mots.
En cet après-midi, après un déjeuner entre professeurs à la table centrale de la Grande Salle, Maybel s'était plongée dans les autorisations de Sortie. Mademoiselle Halleyhan ayant mentionnée une "Super Lune" pour le lendemain et sachant la présence de lycanthrope dans sa demeure, la Directrice-adjointe avait donc ouvert ce dossier et étudiait cas par cas les élèves et la liberté que leur avait accordé leurs parents.

Salem somnolait tranquillement dans son coussin, les quatre fer en l'air. Le soleil dardait de ses rayons à travers la vitre de son bureau. La lumière était chaude et apaisante. L'ambiance était sereine et propice au travail et à la réflexion dans un calme studieux.
Mais ça, c'était avant.

Soudain on toqua à sa porte. Son chat fit un bond et dégringola de son fauteuil. Maybel en pouffa de rire tout en s'excusant auprès du félin qui lui tourna ostensiblement le dos pour aller se planquer derrière une bibliothèque.

Entrez. dit la Directrice d'une voix plus forte.

Elle eut la surprise de voir apparaître Tyler Rose et Simon Magnussen. Elle haussa un sourcil. Le préfet des serpentard expliqua alors la raison de leur présence. Miss Parker retint un soupir.

Très bien. Je vous remercie Monsieur Rose, vous pouvez retourner en cours. congédia-t-elle son émissaire.

Elle attendit qu'il referme la porte derrière lui pour se lever et faire le tour de son bureau. Elle se placa devant et se tint bien droite. Maybel observa le jeune homme devant elle. Il était furieux d'une rage contenu mais il l'observait également attentivement en restant sur ses gardes.
Maybel, grâce aux explications de son préfet, avait une idée du problème rencontré. Sur le moment, elle devait d'abord agir sur l'humeur de son élève fautif. Rien de ce qu'elle pourrait dire ou faire n'entrerait dans la tête de ce garçon dans son état actuel.

D'un geste lent et posé, elle fit apparaître un ballon sur sa droite. Il flottait à bonne distance d'elle et de lui, au milieu de la pièce.

Je veux que tu détruises ce ballon. lui demanda-t-elle sobrement.

Furie s'était logé dans ses oreilles et n'en démordait pas. Elle appelait au sang. Mister Top Crétin continuait de l'insulter, de le provoquer et Magnus se rendit compte qu'il n'avait plus pouvoir de répliquer. Il haït cette différence de pouvoir entre eux. Le professeur le vira de cours. Ca, c'était une conséquence dont Simon se doutait. Ce qu'il détesta au plus au point fut la dernière remarque de Scamerdeur. Simon qui avait reprit son sac sur son épaule et qui remontait le couloir était arrivée au niveau d'Orson quand il entendit : "Oh et surtout M.Magnussen, ne me donnez point le plaisir d'avoir à utiliser un sort de mutisme ou d'entrave à vôtre encontre. Suivez vôtre préfet sans faire d'histoire. Utilisez le peu de bon sens que vous semblez avoir pour garder la somme de dignité qui vous reste.". Le jeune homme se stoppa net dans sa marche. Il allait se retourner, mais la main d'Orson lui emprisonna le bras, stoppant son geste... et son maléfice. La poigne ferme, à lui en faire mal, raisonna un cours instant le serpentard qui discrètement remit sa baguette en place. Seuls les deux garçons savaient ce qui aurait pu se passer sans l'intervention spontanée du Serdaigle.
Magnus sortit de la classe sans un autre regard pour quiconque, Tyler à sa suite. Ses yeux bleu glace étaient aussi dure que le cristal.

Le trajet entre la salle de classe et le bureau de la Directrice de Maison se fit en silence. Magnus serrait tellement fort la lanière de son sac et sa baguette qu'il en avait les jointures blanches. Sa mâchoire était crispée. Sa haine toute dévouée envers l'Igor des bas-fonds qu'il n'avait cure de Tyler derrière lui. Ni de ce que pourrait dire ou faire la Miss Parker.
Enfin, ça c'était avant d'entrer dans le bureau de l'Autorité Serpentard.

Entrez. entendirent les garçons. Tyler ouvrit la porte et Simon le suivit mal gré.

Le préfet remit un mot à la prof et expliqua grosso modo la raison de leur venue. Elle congédia le toutou à sa mémère qui repartit aussi sec faire du lèche-botte au Crottin d'botruc.
Magnus se retrouva donc seul avec Miss Parker.
Il la voyait à peine. Il était conscient d'où il était, il l'observait du coin de l'oeil mais toute sa concentration, toute sa réflexion était tournée vers son Ennemi. Gregor Scamander. Il allait le tuer. Le ruiner. L'humilier.
Simon avait été élevé avec cinq sœurs, et deux puissants parents aristocrates. Autant dire qu'il ne manquait pas de stratégie pour abattre un adversaire. L'écraser. Il n'avait que des exemples à suivre. Elizabeth démontait un par un les arguments de son opposant pour le réduire au silence et à sa merci. Joan... rentrait dans le vif du sujet. A coup de poing et de sortilèges. "Certaines personnes ne comprennent que le pouvoir physique. La loi du plus fort." lui disait-elle, essoufflée, après lui avoir mis une énième rouste. Mary, plus mesquine, lui avait déclaré un jour : "L'Ego, Simon. Trouve ce qui fait la force de l'ego de ton adversaire. Et piétine-le." Quand aux jumelles, leur point de vue se ralliait étrangement à celui de la peste de service. "Tout est une question d'image, petit Magnus. A toi de jouer avec. Tourne-la à ton avantage. La réputation est une chose si fragile. Une belle image donne toujours un beau scandale." commençait Dorothy tandis que Sara-Jane finissait : "Et cela s'applique pour tous. Même pour nous. Surtout pour nous."
Magnus avait essayé la méthode Elizabéthaine. Là, il mourrait d'envie et de rage de tester la méthode Joan.

Je veux que tu détruises ce ballon.

La voix de Miss Parker le sortit un instant de sa bulle. Il vit alors une balle flottée dans la pièce. Simon se demandait s'il avait bien compris la demande de l'adulte. Sa question devait être inscrite sur son visage car elle répétait sa parole.
Magnus sortit alors sa baguette de sa poche, il l'avait toujours en main.

Bombarda ! dit-il d'une voix forte et ferme. Cinglante.

Le ballon explosa en mille morceaux. Magnus jeta un regard à la prof, l'air de dire "Satisfaite ?"

Encore. répondit-elle alors qu'elle faisait apparaître une autre balle.

Simon fronça des sourcils, signe d'incompréhension mais s'exécuta. Bombarda ! Une nouvelle fois, le ballon partit en confettis.

Encore. dit Miss Parker. Une nouvelle balle flottait dans les airs.

Magnus en lâcha son sac au sol et s'attaqua à l'objet avec plus de force et de puissance. Confringo ! Le ballon ne résista pas, comme les fois précédentes.

Encore. insista la Directrice.

Simon ne comprenait pas ce que voulait son professeur, mais il n'en pouvait plus de se contenir. Magnus relâcha sa rage et sa haine dans ses sortilèges alors qu'il détruisait ballon sur ballon et qu'inlassablement Miss Parker en créait de nouveaux.

Ce "jeu" dura un long moment. A la fin, ce fut Simon qui implora "Stop !", le cul par-terre, le souffle court, épuisé, alors qu'une énième balle flottait encore et toujours dans les airs.

Miss Parker dut réitérer sa demande avant que son élève ne s'exécute. Simon explosa le ballon en un seul sort. La professeur en fit alors apparaître un autre et lui demanda de recommencer. Encore et encore. Au bout d'un moment, il n'avait plus aucune retenue et déverser son trop-plein d'énergie négative dans son action. C'était précisément ce que recherchait Maybel. Cette dernière faisait réapparaitre balle sur balle jusqu'à ce que Simon, épuisé par l'effort, ne demande grâce. Il était assis par terre, le souffle court.
Elle était restée droite, devant son bureau. Une dernière balle flottait encore et toujours dans les airs à ses côtés.

Bien, maintenant que cet exercice est passé, j'aimerai que nous revenions sur l'incident qui a eu lieu en cours et qui me vaut votre présence dans mon bureau. commença-t-elle. D'après ce que j'ai pu lire et entendre de votre préfet, vous auriez eu un désaccord avec votre professeur, Monsieur Scamander. Simon se relevait. Qu'il soit justifié ou non, je vous prierais de conserver une attitude respectueuse malgré et envers tout. Le garçon voulut protester, une balle apparut, Maybel poursuivit : Comme vous l'avez noté, la violence n'amène à rien. Si ce n'est qu'à un cycle sans fin d'agressions dont les conséquences ne sont que désastreuses. Vous voilà épuisé et votre problème est-il résolu ? Simon l'interrompit à nouveau, un autre ballon naquit dans les airs, Miss Parker continua : Non. Vous en êtes conscient. Votre colère, servez-vous en mais ne la laissez jamais se servir de vous. N'en soyez jamais l'outil.

Elle prit le temps de faire une petite pause avant de reprendre :

Vous êtes habitué à une autre forme d'enseignement. Le tutorat, il me semble. Des professeurs particuliers dont la mission était de vous enseigner. Le souci, c'était qu'ils étaient également à la merci de votre jugement et de la rétribution de votre père, peut-être influençable par votre comportement.
Or, ici. Vous n'avez plus ce pouvoir. Et vous venez de le constater. Vous êtes dans une école. La figure d'autorité est le corps professoral et non plus votre bon vouloir.

Simon protesta. Une énième balle flottante vint s'ajouter à la collection. Il sembla enfin y prêter attention.

Monsieur Magnussen, souhaitez-vous vraiment me défier ? lui demanda-t-elle le plus simplement du monde, baguette en main, posture droite et bien encrée au sol, attitude inflexible, un mur de balles flottantes à ses côtés.
Sa réponse obtenue, elle reprit :

Chaque balle que vous voyez représente votre manque de respect envers un professeur. Et je suis sûre que vous êtes quelqu'un qui apprécie le respect, Monsieur Magnussen.

J'aimerai qu'à la fin de notre entrevue, vous ayez compris une chose. Vous êtes dorénavant à Poudlard. Et dans ces lieux, entre ces murs, parce qu'elle vous a accueillit en son sein, la Maison Serpentard se doit d'avoir la même valeur à vos yeux que votre Nom. Vous avez défendu votre honneur que vous avez jugé bafoué par l'attitude et/ou les paroles de Monsieur Scamander. Cependant, votre façon de faire est à modifier. Si vous rencontrez un différent avec un professeur ou un autre élève, veuillez en faire part à votre préfet ou à moi-même. Nous réglerons le problème ensemble. Elle marqua ses paroles d'un ton ferme et sans appel.

Vous êtes ici pour devenir un sorcier accompli et j'y veillerais. Mais comprenez bien que Serpentard est votre plus solide allié. Je peux comprendre que vous ne vous entendiez pas avec tous vos camarades. Tout comme on ne choisit pas sa famille, Monsieur Magnussen, vous n'avez pas choisi d'être réparti à Serpentard. Mais à partir d'aujourd'hui, Serpentard rime avec Magnussen.

Me suis-je bien fait comprendre ?

Miss Parker attendit la réponse de son élève avant de repasser derrière son bureau et de s'y asseoir à nouveau.

Pour le reste de l'heure, vous allez me copier le Règlement intérieur sur l'attitude à avoir au sein de notre établissement. Et pour chaque balle qui se trouvent en l'air, vous recommencerez jusqu'à ce qu'elles disparaissent.

Elle lui désigna une petite table et une chaise près de la bibliothèque, où parchemins et matériel d'écritures l'attendaient déjà.

Il y passa la fin de l'heure. Seul les bruits des ballons qui disparaissaient en un "pop" au fur et à mesure que son élève réalisait son exercice, troublait le silence studieux de son bureau. Enfin, l'horloge sonna 16h00.

Bien. Monsieur Magnussen, vous pouvez y aller. En espérant ne plus vous revoir dans de telles circonstances. congédia-t-elle le jeune serpentard.

Alors qu'elle prononçait ses paroles et qu'elle le voyait prendre ses affaires et foutre le camp - il n'y avait pas d'autres termes à la vitesse qu'il utilisa pour sortir de son bureau - Miss Parker repensa à la note que Gregor lui avait écrite et la relue. Quelque chose la chiffonna.
Prenant le papier dans ses mains, elle sortit à son tour et se dirigea vers le Grand Hall. Une fois en face des Sabliers des Maisons, elle grimaça. C'était une légère modification des traits stoïque de son visage habituellement fermé, mais une grimace quand même. Ça n'allait pas du tout. Il allait falloir recadrer tout ce beau monde et fissa.

Les talons de la Directrice de la Maison Serpentard claquèrent dans les couloirs de Poudlard d'un son autoritaire.