Hogwarts Express
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Sam 4 Aoû - 17:56
Lavernock (Pays de Galles). 14h02.

Bob Leland Flagg avait été élevé par une tante puritaine et veuve d'un quartier populaire de Cardiff, jeté enfant par sa mère dont il ne sût jamais rien, sauf qu'elle avait la main leste et qu'elle l'avait nommé Bob "parce que c'est un bon nom de clébard". Dans cet environnement étriqué et aseptisé, il fît son bonhomme de chemin sans faire de vagues. Puis vint l'adolescence. Devenu impur aux yeux de sa protectrice, les sévices commencèrent: mains attachés la nuit pour "qu'il ne se rende pas sourd", flagellation quotidienne pour chasse ses "pensées impures"... Bob passa de l'agneau au loup, enchaînant les excès, subissant les punitions jusqu'à ce qu'un jour, bourré de haine, le fouet se retourna contre le bourreau. L'adolescent partit vivre tel un vagabond sur les routes du Royaume-Uni, vivotant de ci de là, de mauvais coup en petit boulot, emmagasinant la haine de ses semblables. Jeune homme, il avait rejoint d'autres marginaux croisés par hasard et férus de musique qui lui avaient tout appris, dont les bases de la batterie, instrument pour lequel il se révéla naturellement doué. Écumant les squats et les campus, de concert en plan c**, sa vie changea du tout au tout quand il rencontra Mélisandre Septim, traînée là par une amie: ce fût le coup de foudre des deux extrêmes.

Bob redevint rapidement aussi doux qu'un agneau et ils vécurent bientôt une vie de tout un chacun, faites d'une petite maison avec une barrière blanche, d'un travail honorable mais mal payé, et d'enfants braillants à plein poumons. Mais Les contes de fée ne durent pas... et les démons revinrent quand le travail devint une contrainte et leur famille un sujet de dispute. Bob ignorait l'origine magique de sa dulcinée et le secret révélé, passa du père aimant au bourreau effrayant. Mélisandre le quitta. Bob s'enfonça d'avantage dans les recoins les plus obscurs de son âme. Noirceurs dont il fît profiter sa fille, faisant de sa vie un enfer quotidien. Seul l'alcool, son amante, fidèle elle, toujours présente elle, lui donnait le pardon l'oubli et calmait ses angoisses. D'autant plus quand il perdit son travail. L'alcool devint vite sa seule raison de vivre, l'abrutissant assez pour ne pas penser au gâchis de sa vie.

C'est dans son éternel fauteuil défoncé et démodé que nous le retrouvons, élégamment vêtu d'un caleçon long et d'un Marcel à la propreté plus que douteuse, le sol jonché des cadavres de ses diverses amies de la nuit.

"Mmfffr". Bob essuya le filet de bave qui pendait de sa bouche: il s'était encore une fois endormi - ou plutôt avait encore une fois cuvé- dans son fauteuil devant la télé. Son crâne lui pulsait: la lumière était trop forte. "ANAYA!!!". "Puta** de gosse, elle sait plus fermer un rideau?". "ANAYA!!!!". Pas de réponse... "ça c'est bizarre.". Il l'avait bien dressée et elle descendait aussitôt quand il l’appelait. Elle n'était pas à l'école, il savait qu'on était dimanche, hier c'était happy hours au bar du coin... "ANAYA MAGNE TON C** PUT***!!!". L'épave grogna et il lui fallut plusieurs tentatives pour réussir à se lever. "TU L AURAS VOULU J ARRIVES T EN COLLER UNE!!!!". "Petite co***" ajouta t'il pour lui même. Les insultes, c'était sa ponctuation à lui.

L'homme débraillé arriva en titubant jusqu'à l'escalier, écouta vaguement en grattant son ventre qui devenait proéminent d'un air absent. "JE MONTES!". Et il monta, à grand renfort de grognements et de jolis compliments à l'adresse de sa fille chérie. Arrivé sur le palier, il vit la porte fermée. Essoufflé et écumant, il s'écroula plus qu'il ne frappa sur la porte: "OUVRE CETTE PUT*** DE PORTE ANAYA!". Aucune réponse... bon ok depuis quelques temps elle se rebellait et l'avait même envoyé paître, ce qui lui avait valu une claque dans sa gu**** de petite effrontée, enfin il n'avait pas réussi à l'atteindre, trop rapide la garce, mais elle avait bien eût les pétoches et c'est ce qu'il voulait: qu'elle la ferme et le craigne. "BORDEL CA SUFFIT J ENTRE TU VA VOIR CE QUE TU VA PRENDRE ESPECE DE...". Il s'arrêta net en déboulant dans la chambre: parfaitement rangée comme à son habitude mais pas de fille.

Il se traîna à la fenêtre: pas de touffe rousse au jardin non plus. Bob regarda la pendule, maugréa sur les chiffres écrits trop petits: elle devrait être au jardin ou dans sa chambre, voir à la cuisine à faire ce qu'une fille faisait de mieux: la vaisselle. Ou la lessive mais non. "Elle est où cette petite traînée... partie tortiller du c** devant un mec je parie, comme sa pu** de mère...". Il ne remarqua pas qu'il manquait des vêtements (en fait presque tous) et des objets dans la vitrine. Ni que la bibliothèque était réduite à 2-3 ouvrages écornés. Cependant, parmi les méandres de son cerveau embrumé de vapeurs d'alcool, le peu de cerveau qu'il lui restait lui permit de remarquer la présence d'un feuillet sur le lit. Le paternel de l'année se laissa choir de tout son poids sur le lit qui protesta dans un grincement de bois.

" Je suis partie. Pour l'école de sorcellerie, Poudlard. Ne cherche pas à me voir: le directeur est un sorcier puissant qui protège ses élèves. Et maintenant, je fais partie de son école. Sait-on jamais si tu cherches un jour à comprendre le mal que tu m'as fait... c'est au dos. Je ne reviendrais pas. Anaya.". L'homme à la calvitie déjà bien avancée relu plusieurs fois les quelques lignes tracées d'une écriture tremblante: "Partie... sorcellerie... reviendrais pas.". Le dos de Bob fût secoué de spasmes: oh non pas de sanglots... des spasmes de rage. Rage qui éclata et fît passer sa gueule de bois. Fulminant, il broya le feuillet dans l'un de ses point, sans même jeter un œil au dos du document, dos où sa progéniture avait copié consciencieusement les paroles de la chanson 'Crawling' de son groupe favori et se leva, la veine de son front palpitant dangereusement et hurla: "SALO**! SALO**! SALO**!".

Prenant la chaise de la coiffeuse/bureau, il l'abattit contre le miroir qui éclata. La vitrine subit le même sort. Bob piétina à coups de pieds rageurs le contenu qui avait eût le malheur de chuter au sol. "BANDE DE SALO***!!!!". Il arracha les rideaux et allait s'attaquer à la porte de l'armoire ouverte avant d’apercevoir au mur, seule décoration de la chambre, un cadre où une photo était insérée: elle le représentait, plus beau, plus jeune, et évidemment plus souriant, en compagnie de sa femme et au milieu, Anaya, enfant, riant aux éclats, chevelure au vent. "A... Anaya...". Sa fureur s'éteint éteinte aussi rapidement qu'elle était venue: la tempête avait été aussi violente que passagère. Prenant le cadre de ses grosses mains maladroites, l'homme le décrocha et s'assit de nouveau sur le lit. "Anaya...". Bob caressa la photo à travers le cadre et leva son regard: il aperçu un vêtement dans l'armoire, un vieux gilet abandonné là par sa propriétaire. Le père s'en saisit d'un mouvement brusque en se levant d'un bond et le pressa contre son nez et sa bouche, respirant l'odeur de son enfant à pleins poumons: "Anaya... mon petit ange...".

Pour la première fois depuis fort longtemps, Bob Leland Flagg fît une chose humaine et non dictée par la colère ou l'alcool: il pleura. Il pleura, fourrant son visage tordu et crispé par le chagrin dans le tissu imprégné de tout ce qui lui restait de sa fille, son dos secoué par ses lamentables sanglots.
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