[CLOS] Entre deux (PV Orson, Simon, Romane)

Dimitri et Orson quittèrent la salle commune des Poufsouffles et remontèrent au rez-de-chaussé du Château. Marchant d'un bon pas, les deux garçons furent vite dehors et le français prit une grande respiration. Sa main le lançait tout d'un coup. Il l'examina. Il soupira, comme blasé. Il avait les phalanges abîmées sur le dessus de sa main droite. Son coup était parti tellement vite qu'il n'avait pas su se protéger convenablement. Dimitri s'arrêta un instant de marcher et regarda Orson. Il lui devait une explication.

Je suis désolé pour ce qu'il vient de se passer. Je suppose que tu nous as entendu... commença-t-il, gêné et un peu penaud. Il reprit : Je lui voulais pas de mal, je te jure. Mais cette nana... a le don de vous taper sur le système. On n'est pas obligé de s'entendre avec tout le monde, mais elle, elle tient la couronne. Ce matin, je l'ai trouvé dans ma chambre, en petite tenue, en train de fouiller sous un lit. Elle nous a réveillé ! à 7h du mat ! Et ensuite, je me suis fait limite engueulé par un gars du dortoir parce qu'elle se pavanait devant moi et que j'étais en caleçon. Hey ho ! J'étais dans mon lit deux secondes avant, dans ma chambre ! Bref. Elle m'a mis en rogne de bon matin... jusqu'à ce que je tombe sur Sheeris. Elle m'a fait oublié Anaya et ses conneries. Mais là, je cherchais Tango avec toi et je la retrouve exactement au même endroit. Genre ça lui avait pas suffit la première fois !

Dimitri contait son histoire de son point de vue, toujours énervé.

Et ça a dégénéré... Il regarda sa main et il hésitait entre regrets et "bien fait !".

Je suis désolé Orson, c'était pas du tout ce que j'avais prévu pour ce midi avec toi...

Orson avait croisé Owen et lui avait fait un salut de la tête alors qu'il suivait Dimitri dehors. Quand il daigna enfin s'arrêter, Orson put l'observer. Il pouvait voir qu'il était en train de se calmer.. Il ne savait pas ce qu'il s'était passé dans son dortoir mais cela l'avait mis dans tous ses états. Il aperçut la main abimée de Dimitri et son poing se serra. Il finit par se lancer dans une explication qui le mettait très mal à l'aise.

Je suppose que tu nous as entendu... Je lui voulais pas de mal, je te jure. Mais cette nana...  ma chambre, en petite tenue, en train de fouiller sous un lit. elle se pavanait devant moi et que j'étais en caleçon.

Orson eut les yeux qui virèrent mordorés... Il était partagé entre la colère, la jalousie et la compassion... Pourquoi la colère? Parce qu'il avait retenu qu'une fille était venue se pavaner en petite tenue devant Dimitri en caleçon de bon matin.... La jalousie? Il aurait bien aimé être à la place de cette fille dans cette chambre.... La compassion n'était peut être pas le meilleur mot pour ce qu'il ressentait. Il ne le savait pas lui même. Ca lui faisait mal de le voir souffrir mais en même temps s'il s'était abîmé la main et qu'il lui avait fait "mal" il devait avoir frapper fort... Mais il avait du mal à imaginer Dimitri violent gratuitement.... Ce n'est pas ce qu'il ressentait quand il le regardait. Il voyait un garçon doux, rieur, plein d'assurance qui cachait un gros manque de confiance en lui, le sarcasme comme arme de destruction massive mais surtout une générosité et un pardon sans faille pour ceux qu'il aimait... Il l'avait vu hier avec Tyler et ce matin avec Sheeris... Ce garçon là ne pouvait pas être un crétin violent ou alors il s'était trompé sur toute la ligne...

Je suis désolé Orson, c'était pas du tout ce que j'avais prévu pour ce midi avec toi...

Posant Tango par terre avec ordre de ne pas bouger, Orson combla alors la distance entre Dimitri et lui et le prit dans ses bras. Il ne dit rien. Il se contenta de le serrer dans ses bras pendant une vingtaine de secondes... Puis il s'écarta légèrement et sortit sa baguette de sa poche arrière. Il saisit délicatement la main abîmée de Dimitri et pointa sa baguette dessus.

EPISKEY Le soin dégagea de la chaleur puis du froid. Il observa la main de Dimitri et la voyant guérie, il la lâcha. Il recula légèrement pour ne pas oppresser le jeune homme. Quoi qu'il se soit passé là haut, tu n'es pas entièrement responsable. Tu me dis lui avoir fait mal... L'as tu amoché au point que je dois aller chercher Mme Turner ou aller la chercher elle? Si tu ne supporte pas cette... Anaya? Tu devrais peut être faire en sorte de ne plus l'approcher ou en parler avec Chrissy Thompson. C'est la préfète de ta maison, une gentille fille. Elle devrait pouvoir régler cette question. Mais sache que si tu as besoin de quelque chose je suis là pour toi Dimitri. Orson était sincère. Il serait là à ses côté quoi qu'il arrive bien que ce garçon lui était encore inconnu il y a deux jours.

Dimitri regardait sa main abîmée par sa rage non-contenue, il voyait les séquelles de la violence. Le jeune homme savait qu'elle n'était en aucun cas une solution mais plutôt une boucle infinie. Il était un peu déçu de lui, quand même. Alors qu'il relevait la tête vers Orson, prêt à recevoir son châtiment. Dimitri était tellement habitué à recevoir des leçons à chaque écart de conduite qu'il fut surpris de bout en bout par la réaction de son camarade.
Il eut à peine le temps de comprendre qu'Orson le prenait dans ses bras et le serrait fort. Dimitri s'attendait à tout, sauf à ça. Surpris, il resta figé cinq secondes. Il réagit enfin pour rendre son étreinte. Il posa son menton sur l'épaule de l'autre garçon. Dimitri profita à fond de l'instant. Un soutien, du réconfort. Quelqu'un à ses côtés.
Puis le Serdaigle s'écarta et Dimitri le laissa partir. Il le vit sortir sa baguette de sa poche et il lui prit la main. Délicatement, peut-être avait-il peur de lui faire mal ? D'un sortilège maîtrisé, il soigna sa main meurtrie, tandis que son étreinte précédente avait mis du baume sur son coeur.
Orson fit néanmoins un pas en arrière pour pouvoir lui parler sans lui postillonner dessus.

Euh... Merci. Non, je ne pense pas qu'appeler la prof soit.. nécessaire. Encore que. Je ne sais pas.

Dimitri soupira et finit sa confession.

Je lui ai collé mon poing dans la figure. Il reprit presque aussitôt son explication : Elle m'a carrément foncé dessus ! J'ai réagit d'instinct et avant que j'ai pu réalisé ce que je faisais, mon poing était partie tout seul. Je l'ai stupéfixé dans la foulée. J'ai tellement l'habitude de me battre, de me défendre, contre les gars que... j'ai pas eu le temps de réfléchir. Je l'ai laissé telle qu'elle quand je suis parti.

Il soupira à nouveau, lassé des conflits.

Bonne idée. J'en parlerais avec la préfète. Elles ont pas à venir dans le dortoirs des mecs, et puis c'est tout. Merci Orson.

Dimitri lui sourit, apaisé par la présence rassurante du serdaigle.

Dimitri avait l'air plus repentant à présent. Orson comprit que sa violence avait été une réaction instinctive face à une situation que son cerveau avait interprété comme un danger. Au moins Dimitri allait en parler à Chrissy. Il espérait que ce serait efficace. Une mauvaise entente dans une maison pouvait couter cher...

Bon Dimitri avait stupéfixé la fille. Orson réfléchit à toute vitesse.... Il avait croisé Owen dans les cachots. Il se dirigeait vers les appartements des poufsouffles. Orson prit une décision pour Dimitri et lui.

Tu ne l'as pas peut être pas remarqué mais on a croisé Owen en sortant des cachots. Il allait vers votre salle commune. Il a un chat donc je suppose qu'il est parti le chercher. Donc je te propose ceci. Si Owen est en cours mais pas Anaya, j'irais voir Chrissy, sa préfète, pour lui expliquer grossomerdo la situation. Comme ça elle ira la chercher. Ou elle enverra Owen si elle a pas le niveau magique. Quand à toi tu restes avec moi. Si Anaya revient à la charge je m'en occuperais.  

Orson réfléchissait encore... Il avait quelque chose à dire à Dimitri mais ne savait pas trop comment le dire... Il passa sa main droite sur son cou et se racla la gorge...

Je voulais te dire merci pour ... hum... l'invitation dans ta salle commune. Je sais que je me suis endormi et apparemment je t'ai un peu... comment dire... bloqué dans le canapé. Excuse j'ai pratiquement  pas dormi la nuit dernière et ce soir je risque de pas non plus dormir beaucoup... Alors je sais pas pourquoi mais me retrouver dans le canapé avec toi ça m'a... Orson cherchait le bon mot...Apaisé oui c'est le mot je crois. Je sais pas pourquoi mais je me suis senti assez bien avec toi pour dormir et profondément apparemment ... Donc euh.... Si jamais tu veux pas dormir dans ta chambrée... hum... tu peux venir... dans ma tour... je serais surement encore debout.  Tout le temps qu'il parlait les mains d'Orson n'avaient pas arrêté de gesticuler... Plus il était nerveux plus notre solide gaillard parlait avec ses mains... Ses origines amérindiennes peut être.

Orson semblait réfléchir puis il lui parla d'Owen. Un sourcil se haussa, l'autre se fronça. Dimitri ne l'avait effectivement pas remarqué lors de leur sortie en quatrième vitesse du terrier des Poufsouffles. Orson se proposait pour voir Chrissy Thompson au sujet d'Anaya si cette dernière ne se présentait pas en cours. Dimitri espérait tout d'un coup qu'Owen soit un bon samaritain. Il n'avait pas pensé au fait que l'autre devait être présente en cours, obligatoirement, comme le reste d'entre eux. Et dans le cas où elle se pointerait pour lui chercher des mornilles, Orson se dévouait pour s'en occuper.
Dimitri fut surpris de cette protection que lui offrait l'autre garçon. Plaisamment surpris, hein. Mais il avait également son petit égo qui lui fit répondre :

Non, t'inquiètes. Je gère. Je préfère que ça vienne de moi. lui dit-il en rapport avec la préfète. Puis il ajouta dans la foulée, sans réfléchir : Mais si tu veux venir avec moi, pas de souci.

Il lui sourit. Il n'avait pas une seconde envie de ne pas passer du temps avec Orson. Plus il était avec lui, plus le poufsouffle était content.
Soudain Dimitri nota un changement dans le comportement si sûr et protecteur du garçon devant lui. Orson passa sa main dans sa nuque et au fur et à mesure qu'il lui parlait, on pouvait voir sa nervosité comme les lumières du phare d'Alexandrie.
Dimitri rougit furieusement à la proposition du serdaigle. Il n'en croyait pas ses oreilles. Pouvait-il ? Avait-il vraiment entendu ce que son cerveau venait de capter ? Il lui demandait de... venir... dans sa tour... dormir... avec lui ? Dimitri déglutit, le coeur battant à tout rompre. Les idées, les images, les pensées qui se jouaient soudainement dans sa tête trop fertile...

Euh oui ! répondit-il vivement, de peur de rater le moment. Oui ! Ok. Je passerais... resterais.. Il redéglutit avant de conclure : Pas de souci.

Avant qu'il n'ait le temps de se rabrouer mentalement pour son vocabulaire élaboré, Dimitri fut interrompu par l'arrivée d'autres élèves.

Une arrivée frappante, d'ailleurs. Dimitri garda le rouge aux joues et maintenant sur les fesses. La claque bien sentie le fit sursauter et se tenir bien droit tandis que l'auteur des faits prenait ses aises et s'installait sous le bras d'Orson.
Sa couleur cramoisi ne le quitta pas lorsque cette dernière, Romane Sombrage en personne, l'affubla d'un joli surnom. Il s'étrangla presque avec sa salive quand il voulut lui répondre. Il toussa donc son malaise.

Bonjour le Niffleur. fit-il en français, avant de continuer en anglais. Ça va, ça va.. comme tu peux le voir, il en faut plus que ça pour me tuer. Il déglutit avant de poser la question dont la réponse l'effrayait un peu : Tu..hum... Comment es-tu au courant pour mon.. exploit ? On te l'a dit ou... ?

Il passa à la trappe la question sur Sheeris et Tyler, non pas dans un souci de ne pas vouloir y répondre mais plutôt car son intérêt était ailleurs et bien plus important. Si le Niffleur avait eu vent de son éclat, ça pouvait encore passer... mais si Romane l'avait vu à l'oeuvre, c'était totalement différent. Dimitri était quand même du genre timide, ou plutôt pudique sur cette partie là de son anatomie. Et puis bon, ce n'était pas n'importe qui non plus, la blondinette.

Tiens le Nifleur. Il lui resortait le surnom qu'il lui avait trouvé lors de sa deuxième année alors qu'elle interviewait les joueurs de quidditch...
Bah c'était de bonne guerre...

Oh penses tu.... J'étais aux premières loges pour immortaliser l'instant mon mignon. Romane lui fit un clin d'oeil et sourit de toutes ses dents. Elle avait tout vu, tout entendu et c'était bien rincé l'oeil.

Mais bon elle n'était pas là pour lui pourrir sa nouvelle vie. Elle aussi en commençait une nouvelle. Elle lui répondit en français pour moins le géner.

Ne t'en fais pas Dimi je serais muette comme une tombe à propos de tes exploits immortels.

Elle leva son regard vers Orson qui n'avait pas bronché quand elle l'avait pris dans ses bras. Il dégageait une sacrée chaleur. C'était agréable. Elle repassa à l'anglais.

Figure toi qu'Orson et moi sommes dans la même maison et qu'hier ce joli gaillard m'a aidé à rattraper mon retard. Non seulement il est mignon mais en plus il a un cerveau!  Vous alliez où comme ça? Moi je vais en Soin aux créa...

Romane s'amusait à lancer des perches, voir si le poisson mordait.

"Oh boy" souffla-t-il alors qu'il se passait une main sur son visage, pour tenter de cacher sa gêne. Le scénario catastrophe s'était réalisé. Il n'avait donc plus rien à cacher à Romane, se dit-il. Elle l'avait vu dans toute sa splendeur grecque et en plus, elle en avait capturé le moment. Alors qu'Orson riait de bon coeur aux compliments de la serdaigle, Dimitri songea un instant à sa subite notoriété acquise à Beauxbâtons. Il décida de ne plus jamais remettre les pieds en France. C'était fini. Il s'arrangerait pour voir son père uniquement à la maison mais il ne mettrait plus le nez dehors. Connaissant le Niffleur, il avait du faire la une de son Can-can. Le garçon hésitait quand même entre Fierté et Embarrassement. Tyler aurait certainement rigolé et voté pour être fier, Dimitri ne savait même pas comment Sheeris aurait réagit, elle.
Romane promettait une discrétion sur le sujet et le français décida de lui accorder cette confiance, même s'il savait pertinemment qu'il ferait les frais de quelques sous-entendus de ci de là.

Orson les laissa un instant, Dimitri le suivit de regard et aperçut Simon au loin. Lorsque les deux compères les rejoignirent, le poufsouffle fit un geste pour montrer la direction générale de la salle de classe.

Et si on y allait ?

Et sans attendre de réponse, il se remit en marche, soulagé que l'attention fut naturellement occupée par le Magnussen. Dimitri lui avait un tri à faire dans ses pensées, son esprit tacticien travaillait sans cesse, l'instinct de survie aux aguets. Et dire que la journée était loin d'être finie...